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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 17:27

La contamination

 

liRevelation SabotagenkNew Glasgow, Québec. Il tombait de gros flocons de neige. Ils étaient tellement chargés qu’ils semblaient tomber au ralenti comme si le temps résistait à son inévitable destin.

 

Jack jouait à l’extérieur. Il se construisait un fort afin de se défendre contre les ennemis jurés de la force…

 

L’empire, le côté obscur… Il creusait la neige avec énergie.

 

« Urgence, il y avait » n’aurait pas hésité à dire un certain

vieux sage. L’on pouvait voir la maison derrière lui décorée de lumières de Noël qui reflétaient sur la neige des teintes de rouge, bleu et jaune. L’on aurait pu penser que la guerre avait commencé. Les fenêtres étaient à moitié givrées.

 La porte de devant s’ouvrit et la sœur de Jack, Amanda, cria :

 

— Jaaaaaaack! Aller vient! Passe par derrière!

 

Jack se releva la tête et tentait de distinguer sa sœur à travers sa cagoule gelée. C’était un hiver froid cette année-là. Son regard, s’étant frayé un chemin entre son foulard et sa cagoule, trouva Amanda. Il fit un signe de la tête et cria :

 

— OK!

 

Que ça sœur n’a sans doute pas entendu tellement le son de sa voix était étouffé par l’enroulage de son foulard qui recouvrait presque entièrement son visage. Il se leva et courut, maladroitement, vers l’arrière de la maison. Sa mère l’accueillit avec un sourire de bonheur qui illuminait son visage, voyant son petit Jack tout bourru de ses habits d’hiver. Il n’avait que 7 ans. Il avait réussi, tant bien que mal, à enlever ses mitaines, sa cagoule puis son foulard, découvrant son visage coloré de ses pommettes des joues toutes rouges et de son petit nez qui coulait.

 

Elle lui dit :

 

— allez, jack, enlève-moi tout ça et va t’assoir près du poêle à bois pour te réchauffer un peu.

 

Il y avait une odeur apaisante qui flottait dans toute la maison. Elizabeth Summer avait préparé un cidre léger parfumé à la cannelle qui emplissait l’air de son effluve. Cela aurait réchauffé le cœur de n’importe qui. La dinde cuisait dans le four en laissant son parfum s’épandre dans toute la maison, fusionnant avec celle du cidre chaud.

 

Il n’y avait que Jack, Amanda et sa mère qui élevait, seule, ses deux rejetons, étant donné que le père de Jack les avait quittés il y a quelque temps déjà.

 

Comme à chaque Noël, Elizabeth Summer se faisait un devoir de faire vivre à ses enfants le plus beau des Noëls et à chaque fois elle y parvenait.

 

Elle se dirigea vers le salon avec la sœur de Jack qui demeura cloué près du poêle à bois, engourdi. (C’est l’effet de la chaleur émise par ce genre d’appareil de chauffage qui était magique. Quelques minutes après être entré à l’intérieur, elle vous plongeait dans une torpeur indescriptible.)

 

Puis Elizabeth cria :

 

— Jack! Viens! J’ai quelque chose à te montrer

 

— Dépêche-toi!

 

Il n’en fallut pas plus pour éveiller l’esprit de Jack, car à Noël tout était possible. Il accourut au salon où il resta bouche bée devant la scène qui s’offrait à ses yeux. Il avait devant lui ce qu’il avait demandé depuis le début de l’année et qu’on lui avait promis s’il réussissait à faire preuve de sagesse.

 

Un petit chien tout blanc avec le museau et une patte noir. Un élégant mélange d’épagneul et de Jack Russel.  Le petit chien sautait sur place sans arrêt comme s’il avait reçu une décharge électrique. Il avait sans doute été choisi sur cette seule ressemblance avec le petit Jack.

 

Jack s’exclama :

 

— Il est à moi?! 

 

— Mais, oui, il est à toi! répondit Amanda en affichant un sourire de joie comme sa mère.

 

Sûr que son petit frère lui tombait sur les nerfs la plupart du temps, mais être une famille monoparentale avait le coté positif de rapprocher ses membres tout près les uns des autres.

 

 Jack s’agenouillait devant son nouvel ami qui lui léchait le nez et la figure.

 

Dalyanne affichait une étrange émotion sur son visage. Elle n’avait jamais vécu d’émotions auparavant. Pour elle, elles semblaient d’une intensité presque insoutenable. Sous sa forme d’énergie, des fluctuations s’opéraient. L’on pouvait constater un changement de teinte. De fines lamelles bleues apparaissaient ici et là.

 

Jack pouvait voir le visage de Dalyanne qui, elle, affichait une expression de joie et d’innocence tel un enfant qui découvre la vie pas à pas.

 

 

Dalyanne regarda Jack dans les yeux et celui-ci ressentit son désir. L’insatiable curiosité humaine s’emparait de son être. Jack lui demanda, au moyen d’une seule pensée, si elle en voulait plus, en connaitre un peu plus sur la nature humaine, la partager avec lui.

 

D’une seule pensée, elle acquiesça. Jack reposa sa main sur le bras de Dalyanne et elle put ressentir tout ce que ressentait Jack, tout ce qu’il avait vécu depuis sa naissance. Cela ne dura pas une minute.

 

Dalyanne s’écroula et son visage joyeux se transforma, s’emplit de tristesse. Si ce faux corps l’avait permis, elle aurait versé des larmes.

 

Maintenant,  elle connaissait la condition humaine,  avec tout le malheur et tout le bonheur qu’elle peut apporter. De ce fait, Dalyanne devenait humaine sans même avoir un corps de chair. Son essence pure, sa condition d’ange était compromise, elle était maintenant contaminée par la nature humaine. Son empreinte énergétique trahissait ce changement.

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