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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 03:38


 

CAMPING SAUVAGE

 

Un bel après-midi d'été, comme on en connait au Québec.  La cigale chante son bonheur. L'on peut aussi entendre les cris étouffés d'enfants jouant au loin. L'été au camping, rappelle bon nombre de souvenirs chez bien des gens.

 

Mme St-Clair s'affairait à desservir la table du dîner. Tandis que Pamela, sa petite fille de 16ans, prenait un bain de soleil sur une chaise longue, les écouteurs de son baladeur installés sur ses oreilles. Pour elle, camping ou non, la musique était importante. Elle avait la charge de garder un oeil sur son petit frère de 8ans, Marcellin. Ce petit renard n'avait aucune limite dans ses aptitudes à faire les 100 coups.  

 

Marcellin jouait tout près de la roulotte, situé à la lisière de la forêt. Mme St-Clair était « femme à la maison ». Après un divorce difficile, elle s'était remariée. Jacques, avait un emploi « minable » selon ce qu'il en disait et qui ne rapportait pas gros. Le camping était une activité abordable et encore pour peu cher ils ne pouvaient se permettre que les terrains aux extrémités du site. Aux abords de la forêt.

 

L'attention du petit Marcellin fût attirée par un écureuil cherchant frénétiquement de la nourriture, afin d'assurer son hiver. Celui-ci ramassa un petit gland de chêne. Puis il regarda Marcellin. Il mit alors une noix dans sa gueule et s'apprêta à en ramasser une autre. Il hésita. Releva la tête et fixa Marcellin tout droit dans les yeux. Marcellin le regarda d'un air amusé. L'écureuil fit un geste de la patte, comme un signe d'invitation à le suivre. Marcellin sourit. Sans se poser de questions, il se leva et se mis à le suivre. Il pénétra dans la forêt. Bien que son beau-père le lui avait interdit à plusieurs reprises. Les branches des arbres filtraient la lumière du soleil. Les abords de la forêt étaient peuplés de grands pins, et le sol était couvert de leurs épines et de roches grossières ici et là. Il marcha sans perdre l'écureuil de vue. Au bout d'un moment, il pouvait entendre les bruits provenant du camping qui trahissait la distance qu'il avait parcourue, dont il ne se souciait guère, tel un enfant de son âge.

 

La forêt devenait de plus en plus sombre. L'écureuil s'arrêta et se retourna face à Marcellin. Celui-ci arriva près de l'écureuil et vraisemblablement lui demanda;

 

— Comment t'appelles-tu?

 

— Je m'appelle ROEL et toi? Lui répondit l’écureuil.

 

 Le petit garçon fût d'abord très surpris. Il esquissa un large sourire et lui répondit;

 

— Marcellin!

 

Puis il entendit des bruits bizarres tout autour de lui. D'autres écureuils s'approchaient et semblaient parler entre eux. Ils chuchotaient. Puis un raton laveur, un lièvre. Tous semblaient apprécier la présence du petit garçon. Ils se mirent à discuter avec lui.

 

Jacques, son beau-père, stationna son « pick-up » près de la roulotte. Son nouveau « pick-up » usagé bien sur. Mais il en était très fier. Il n'eut pas le temps de descendre de son véhicule que Mme St-Clair courrait vers lui, tout en pleurs.

 

— Qu'est-ce qui se passe encore? Maugréa-t-il.

 

 Il était toujours de mauvaise humeur aux dires de ses voisins, même qu'ils soupçonnaient le couple d'être en mauvais termes.

— C'est Marcellin c'est ça?

 

Depuis qu'il s'était marié avec la mère de celui-ci, il avait eu maille avec le petit Marcellin, Il ne s'en occupait presque jamais. Comme si le petit venait avec la mère et il ne pouvait rien y faire.

 

— Ouiiiiiii! Il a disparu!

 

Elle était inconsolable.

 

Il rajouta ;

 

— Encore! Il ne cessera jamais de nous emmerder celui-là. Je m'en occupe tout de suite!

 

Mme St-Clair baissa la tête, visiblement gênée par les propos de son mari.

 

Il sembla passer des heures. La forêt s'assombrissait de plus en plus. Les nouveaux amis de Marcellin s'agitaient. Une certaine nervosité semblait les envahir. Marcellin, malgré son âge, percevait aussi un étrange sentiment. Puis, d'un coup, un grand silence s'installa dans la forêt. Tout le monde écoutait. Ils entendirent un bruit sourd provenant d'un gros bosquet non loin d'eux. Des branches s'entrechoquaient, des feuilles se déchiraient. Toutes les petites oreilles pointaient en cette direction. Puis, la panique s'empara de tout le monde. Ils prirent leurs pattes à leurs cous. Et avec l'énergie du désespoir, ils s'enfuirent dans la direction opposée. Roel cria avec énergie;

 

— Allez, sauve-toi Marcellin, c'est la BÊTE!

 

 Le coeur de Marcellin battait à toute allure. Il tremblait. D'instinct, il se mit à courir dans la même direction que son nouvel ami. Après ce qui semblait être une éternité, ils s'arrêtèrent et se cachèrent derrière un rocher. Marcellin, peinant à souffler, demanda à Roel ce qui se passait. Roel lui expliqua que « La bête » était une créature atroce. Chaque fois qu'elle venait, des amis disparaissaient, ont dit qu'elle les dévorait vivants sans hésitation et....

 

Ils n'eurent pas le temps de continuer, la bête se rapprochait, elle était toute proche. Ils déguerpirent à toute vitesse sans regarder derrière eux. Ils s'arrêtèrent à nouveau. Marcellin dit à Roel « Il y a surement quelque chose à faire! ». « Il n'y a pas grand-chose que nous puissions faire » lui dit Roel. « Haaaaaaaaaaaaa elle arrive! » La bête semblait avoir pris en chasse Marcellin et son copain. D'un bond audacieux ils sautèrent sur le coté. Tout près se tenait la bête, ils n'eurent pas eu le temps de poser un regard sur elle. Plus loin un gros arbre. Ils seraient à l'abri pour un moment. Peut-être les oublierait-elle se disaient-ils.

 

Adossé à l'arbre. Roel dit à Marcellin « J'ai une idée! » Marcellin le regarda d'un air incrédule, dans son esprit tout était si confus. Mais il n'avait pas le temps d'y voir clair.

 

— Tu as déjà joué à saute-mouton n'est-ce pas?

 

 Marcellin fit signe que oui de la tête.

 

— Non loin d'ici, il y a un ravin profond. Si nous courons devant la bête et qu'elle essaie de nous attraper, nous n'aurions qu’à nous pencher et elle sautera par-dessus. Et elle tombera dans le ravin.

 

Marcellin n'était pas sûr de comprendre, du moins, d'avoir le courage nécessaire. Mais de toute façon, ils allaient être dévoré, vivant s’ils ne tentaient rien. La bête était déjà derrière l'arbre. Plus le temps de penser. Ils se mirent à courir. Et la bête, tel un chat, bondit en leur direction. Elle allait les rattraper. Prête à les prendre tous les deux. Elle tendit ses griffes et d'un mouvement, vers l'avant, elle sauta. Marcellin et Roel se laissèrent tomber à plat ventre et la bête, comme l'avait prévu Roel, sauta par-dessus et malgré tous ses efforts, elle ne put que tomber dans le vide et s'écrasa au bas du ravin sur les rochers.

 

Mme St-Clair aperçu le jeune Marcellin sortant de la forêt, ses vêtements tout en lambeaux, son petit visage tout écorché. Elle courut vers lui et l'englouti dans ses bras, elle pleurait et lui demanda où il était. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre. Elle le serrait si fort, qu'il ne put prononcer une parole.

 

Marcellin lui chuchota à l'oreille :

 

— Je t'aime maman!

 

Elle le retira et, le tenant par les deux bras, elle lui dit « Jacques est parti depuis 2 heures à ta recherche, nous te pensions perdu ». Le petit Marcellin alla ouvrir la bouche. Mais elle ne lui en laissa pas l'occasion, elle le resserra dans ses bras.

 

Portant son regard au loin, séchant ses larmes, elle lui dit:

 

« Je t'aime mon enfant! »

 

« Moi aussi je t'aime maman »...

 

 

Daniel Bone

 

 

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